J'ai été pendant plus de 30 ans Pharmacien responsable de production dans des PME de produits cosmétiques et par ce fait fabriquant de GEL :
Cependant l'Affaire des prothèses Mammaires PIP , aux vues de mes expériences m'inspire quelques reflexions importantes que je livre à bon entendeur :
Où est le problème ?
- Un problème de GEL :
Un gel est apparemment SIMPLE à faire, mais en fait se pose toujours le problème du maintien de la viscosité dans le temps pour une température donnée.
C'est vrai qu'il y a de très nombreuses matières premières sur le marché pour fabriquer des gels, mais pour avoir une viscosité idéale, et un "toucher" il faut mélanger divers type de gélifiant. Cet types de matière première existe quasiment toujours pour toutes les industries, plus ou moins purifiées ou neutralisées selon leur destination ( Chimique, Cosmétique, Alimentatire, Pharmaceutique,...) et très souvent portent le MEME NOM, mais rarement la même référence. Ainsi le RHODORSIL de Rhone Poulenc est le nom de toute une gamme très importante de silicone utilisée partout.
Sauf exception, ces matières premières ne sont pas plus TOXIQUES en elle-même, mais la qualité non référencée pour l'usage (ici implant mammaire), peut présenter par exemple des traces résiduelles d'agents de fabrication, qui DE MON AVIS, pourraient à plus ou moins long terme, agir sur la poche. Souvent ce sont des problèmes d'odeur, de couleur, voir de gout ( un silicone pour rouge à lèvre doit être neutre au gout.
Encore, y-a-t-il une réglementation pour ce type de produit ? Ce n'est pas un médicament, pas un aliment, pas un cosmétique.....et d'ailleurs pas d'autorisation de mise sur le marché ?
- Un problème Technique :
Mon expérience de la fermeture soudée des tubes de crème cosmétique et le phénomène de STRESS-CRACKING des plastiques:
Il y a des ingredients comme certains tensio-actifs mis dans les produits qui fragilisent principalement les soudures au bout d'un certain temps toujours difficile à définir, SANS QUE L'ON COMPRENNE. Idem pour des capsules de certains flacons qui se décalottent à l'endroit où un peu de produit suinte....
Sur ces implants mammaires, on pourrait effectivement envisager qu'un phénomène du type stress-cracking favorisé par une "impureté" (pas forcément toxique) contenue faiblement dans ces matières premières non agrées puisse avoir lieu sur l'enveloppe de ces poches?
- Un problème de responsabilités :
Dans toutes ces entreprises ont trouve face à face :
- des RESPONSABLES COMPETENTS (techniquement), chimistes, pharmaciens ou autres salariés, mais souvent sans grands pouvoirs de décision, souvent au sein des unités de production,
- et des DIRIGEANTS, (PDG, DG, Commerciaux, SERVICE ACHAT....) qui n'ont rien à faire de la qualité ou des procédures et qui ne voit que le PRIX de REVIENT, souvent au sein des bureaux de direction. Ces "gens" ont toujours des "conseils extérieurs" qui savent tout mieux que les cadres technique de l'entreprise.
= FREQUENT
-Un problème de fournisseur :
Les VENDEURS (représentants technico-commerciaux) des grossistes fournisseurs des matières premières SAVENT toujours ce qu'ils vendent et à qui ils vendent et pour quel usage.
Surtout quand le laboratoire devient un bon client, les quantités
augmentent, les coûts, le chiffre d'affaire,.... et la bagarre devient souvent très dure entre les fournisseurs.
Il y
en a toujours au moins un fournisseur qui passe au service achat avec des offres alléchantes de matières premières à des prix attractifs qui sont "identiques" ou "équivalentes"... " qui ne changent rien à votre produit fini", "testées", "utilisées partout par vos concurrents"......
ET une direction qui demandera toujours : "quelle différence ? peux-t-on essayer ? vas-t-on y voir quelque chose..... " aux compétences internes qui bien souvent auront beaucoup de difficultés à argumenter les dirigeants sur les risques encourus même s'ils ne pensent pas à leur propre avenir dans l'entreprise.
- Un problème d'inspection :
Les entreprises sont controlés par des inspecteurs qui n'ont aucunes compétences et surtout qui n'ont aucun bon sens.
Leur rôle est toujours de faire des rapports pour "l'autorité", ils font des prélèvements qui seront analysés par les "laboratoire central"
Dans ma carrière, jamais un inspecteur n'est allé voir les futs des poubelles et encore moins les factures des achats ou les listings des matières premières.
Tout le monde a connu l'ingrédient conforme au dossier, acheté et bien gardé pour l'inspection, les visites des clients... pendant l'utilisation de l'ingrédient "identique" de remplacement "suite à rupture momentanée".
- Conclusion de cette affaire :
C'est toute l'industrie pharmaceutique, cosmétique,
alimentaire....partout dans le monde, et ce malgré toute la
communication de plus en plus importante que l'on fait sur une qualité
"présentée comme" irréprochable.
Ne parlons pas des relations politiques qu'ils entretiennent souvent, et du chiffre d'affaire qu'ils générent à l'exportation...Il ne serait pas surprenant que Sarkosy ai visité le laboratoire PIP lors d'un de ses déplacements dans le midi ?
Donc ce qui se passe chez PIP, c'est pareil que SERVIER, Le "vieux" Mr SERVIER, même s'il est pharmacien, ne vaut pas mieux finalement que ce Mr MAS, qui était semble-t-il charcutier à l'origine. [On ne doit pas oublier que le gel de gélatine est excellent et un produit de charcuterie!!]
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